La fortune sourit aux disparus de Stephen Spotswood
(Titre original « Fortune favors the dead »)
Il y avait longtemps que je n’avais rien publié sur ce site. Mais cette lecture m’a donné envie de partager ce coup de cœur.
Un meurtre en chambre close
Un meurtre en chambre close dans le New York de 1946. Une riche veuve, Abigail Collins, et ses jumeaux, Rebecca et Randolph. Un « oncle » très présent, Harrison Wallace, également parrain des deux jumeaux. Une voyante, Ariel Belestrade, et sa boule de cristal. Une détective privée, Ms Lilian Pentecost, atteinte de sclérose en plaques et sa jeune assistante, Willowjean Parker, issue du monde du cirque. Voilà les premiers ingrédients de ce polar, digne de la série noire.
Dans la demeure familiale, Abigail Collins a organisé sa fête annuelle. Une soirée costumée pour les cadres supérieurs de Collins Steelworks, entreprise crée par feu M. Alistair Collins. À cette occasion, elle a fait venir une de ses connaissances, médium et conseillère spirituelle, Ariel Belestrade, pour une séance de spiritisme lors de cette soirée. Vers minuit, on vit, de sous la porte du cabinet de travail, s’échapper de la fumée. Le cabinet était verrouillé de l’intérieur. Quand la porte fut enfin enfoncée, on découvrit Mrs Collins assise au bureau, battue à mort à coup de boule de cristal.
Quelle ambiance !
Ce qui m’a frappé d’emblée dans ce roman, c’est la capacité de l’auteur à nous emporter dans l’ambiance de l’époque, une ambiance digne du polar de série noire, même si c’est malgré tout un peu moins sanglant, quoique… J’ai lu ce roman en français, il a été traduit de l’anglais (US) par Estelle Roudet, et je ne saurai dire si l’ambiance est bien conforme au texte en VO. Cependant cette version est très réussie. L’écriture est fluide et percutante.
L’histoire nous est narrée par Willowjean Parker, l’assistante de la détective privée Lilian Pentecost, le style de narration m’a tout de suite plongé dans un film de série noire des années cinquante. Encore une fois, la capacité de l’auteur, en peu de mots, à nous plonger dans son univers est presque déroutante.
Le duo formé par la détective et son assistante, femmes qui semblent peu conventionnelles pour l’époque, atypiques, est épatant. Le choix d’héroïnes féminines n’est pas du au hasard, on sent tout au long du texte, l’accent mis sur le droit des femmes. D’ailleurs le duo ne tentent pas seulement de résoudre des crimes pour remplir le compte en banque, mais se battent aussi pour la justice, surtout concernant des femmes les plus pauvres, qui n’y ont guère droit, et ne pouvant pas payer.
En quelques mots
En résumé, une bonne intrigue bien menée, un peu de romance, une série de rebondissements jusqu’aux derniers mots, une atmosphère et des personnages bien typés.
Un roman que je vous recommande chaudement.
Prochainement en librairie
Une prochaine de Lillian Pentecost et Willowjean Baker, « Murder under her skin » est attendue en décembre 2021, espérons qu’elle franchira rapidement l’Atlantique pour nous divertir et nous permettre de retrouver ce duo irrésistible.
Résumé de l’éditeur, Calmann-Levy…
New York, 1946. Lillian Pentecost, la détective privée la plus renommée de Manhattan, n’est plus toute jeune et a besoin d’un allié digne de ce nom. Le hasard fait qu’elle croise la route d’une certaine Willowjean Parker, une petite fugitive travaillant dans un cirque, capable de manier les couteaux comme personne.
Willowjean ne peut décliner le salaire mirobolant que Ms. Pentecost lui offre pour mener les enquêtes en tandem. À peine embauchée, elle se voit embarquée dans une mission délicate pour élucider le meurtre d’une jeune veuve de la haute société, retrouvée morte chez elle après une consultation avec une voyante. L’arme du crime : la boule de cristal…
Décor délicieusement rétro, enquête endiablée et duo de femmes irrésistible. Du cosy crime vintage addictif !
Concernant ce résumé de l’éditeur, je me pose tout de même une question, l’auteur de ces quelques phrases a-t-il réellement lu le roman ? Il y a deux erreurs flagrantes, qui ne remette en aucune façon le roman, je le précise, mais tout de même c’est effarant. Quand à parler de « cosy crime vintage », je ne comprends pas. Est-ce parce que les enquêtrices sont des femmes ? De mon côté je pense plutôt à un style série noire des années 50.
épatant ! tu te remets à écrire des billets sur ton blog 🙂
On verra si cela se maintient ou non… 😉
L’enquête est intéressante et j’ai bien aimé l’interaction entre les deux enquêtrices, qui se portent respect mutuel, même si cela ne se sent pas directement – elles ont une gouvernante-cuisinière qui rappelle certainement mrs. Hudson à ceux qui comparent le binôme à Holmes & Watson.
Cela m’a toutefois donné envie de faire quelques comparaisons avec d’autres enquêteurs = p.ex. => Lovejoy & Ryder, là aussi nous avons un coroner-ancien chirurgien très pointilleux, atteint de la maladie de Parkinson, qu’il cache du mieux qu’il peut et il forme une jeune policière (à l’essai) harcelée professionnellement par l’inspecteur en chef qui ne supporte pas que les femmes puissent devenir policières.
Lovejoy est le pendant de Will Parker, comme Ryder pourrait être le pendant de Lillian Pentecost.
Bon, on le sait « comparaison n’est pas raison »,
C’est vrai, je n’y avais pas prêté attention. Il faut dire qu’avoir un couple d’enquêteurs favorise les interactions et par la même, l’écriture 😉